Après un magnifique Endeavor puis un très bon The Artemis Project, Super Meeple propose un nouveau jeu de Grand Gamers Guild : Gorinto. Point de conquête historique ou de colonisation futuriste cette fois : Gorinto joue dans la cour des jeux abstraits !
Le jeu de Richard Yaner se déguste sagement de 1 à 4 (voire 5 avec une mini-extension) dans une ambiance zen mais néanmoins compétitive.
Gorinto, en bref : au fil des 4 saisons, je ramasse des tuiles de la Montagne le long Chemin et les empile sur mon plateau personnel (mon Gorinto) pour développer ma connaissance et satisfaire aux objectifs.
Mais c’est quoi un Gorinto (à part le nom du jeu) ?
Un « Gorinto » est une sorte de pagode à destination de commémoration funéraire que l’on retrouve régulièrement dans les illustrations de la culture du Pays du Soleil Levant. Les cinq formes (ou anneaux) qui constituent l’édifice sacré représentent cinq éléments fondamentaux : la terre, l’eau, le feu, l’air et le vide.
Le matériel de Gorinto
Gorinto est un jeu de collecte/pose de tuiles donc la petite boîte au design sobrement élégant trouverez principalement 100 tuiles en plastique coloré faites pour être emboîtées (et rangées dans le grand sac en toile fourni). Les tuiles s’emboitent tellement bien qu’en mélangeant dans le sac, on les retrouve régulièrement agglutinées !
En complément et pour servir de base au jeu la boîte contient :
- 1 plateau de jeu
- 1 plateau de score
- 4 plateaux joueurs
- 12 cartes objectifs + 5 cartes éléments clés
- des marqueurs de score et de points + marqueur de saison
- quelques tuiles et jetons pour le mode solo
Les plateaux sont de belle facture, sobrement sombrement illustrés pour mettre en valeur les couleurs vives des tuiles.
Encore une fois, pour ne pas dire que c’est une habitude, Super Meeple signe une production de belle qualité.
Gorinto : thème ou thème pas ?
« Un jeu captivant où vous devez exploiter la puissance des cinq éléments pour construire un sanctuaire commémoratif de Gorinto. »
Les jeux abstraits peuvent difficilement se targuer d’offrir une énorme immersion dans le thème imprimé sur la boîte mais Gorinto a le mérite de dérouler la pelote autour du concept de la pagode funéraire et des éléments qui la définissent … ce qui n’est pas pour déplaire et souligne un effort notable.
Mise en place d’une partie de Gorinto
La préparation d’une partie de Gorinto passe par l’empilement aléatoire de tuiles sur le plateau principal selon des diagrammes de mise en place pré-établis. Ces piles constituant la « Montagne » sont bordées d’une rangée et d’une colonne de tuiles représentant le « Chemin » qu’il faudra réalimenter à chaque saison.
Deux cartes objectifs et deux cartes éléments clés, piochées au hasard (à placer sur le plateau de score), viennent compléter la mise en place et dicter l’orientation stratégique de la partie.
Enfin, chaque joueur récupère son plateau personnel en forme de Gorinto proposant 5 emplacements correspondant aux 5 éléments (vide, air, feu, eau et terre).
Le principe de jeu dans Gorinto
Avant de se lancer dans la partie, il est important de bien prendre acte des deux objectifs piochés qui rythmeront les décomptes intermédiaires et des éléments clés qui feront office de juge de paix pour le décompte final.
C’est élémentaire mon cher…
Les tuiles colorées (qui représentent chacune un élément) sont associées à un « pouvoir de collecte » (rappelé sur le plateau principal) qui permet de ramasser des tuiles selon la règle établie pour cet élément. Plus vous empilerez de tuiles d’un élément donné, plus votre connaissance de l’élément sera grande et plus vous pourrez prendre de tuiles.
C’est un long chemin…
À votre tour, vous choisissez une tuile du Chemin puis calculez votre niveau de connaissance (1 + le nombre de tuiles de cet élément sur votre plateau personnel) et placez la tuile sélectionnée dans la rangée ou colonne de départ. Vous prenez ensuite les tuiles qui répondent le mieux à votre stratégie du moment : viser l’objectif de fin de saison ou collectionner les éléments clés.
Le processus se répète jusqu’à ce qu’il reste moins de tuiles Chemin que de joueurs, ce qui met fin à la manche saison en cours. À chaque saison suivante, après le décompte intermédiaire des objectifs, le Chemin sera reconstitué en piochant de nouvelles tuiles dans le sac.
Une autre paire de manches
Les premières manches rapportent rarement beaucoup de points (1 points par tuile + la condition de l’objectif), le temps de trouver comment bien répondre à l’objectif saisonnier, puis tout s’accélère.
La partie s’arrête à l’issue des 4 saisons pour un dernier décompte des objectifs et le comptage des éléments clés collectés par chacun (à raison de 2 points par tuile).
Prendre du retard sur les objectifs lors des premières saisons n’est pas un handicap majeur si vous avez pensé à compenser en faisant la razzia sur les tuiles élément clé !
Paysages alternatifs et ordre du tour variable
Le côté aléatoire de la mise en place d’une Gorinto pourrait suffire à assurer une bonne rejouabilité mais l’auteur a pris le soin de proposer des « paysages alternatifs » qui impactent la stratégie en variant la hauteur des piles de la montagne.
La règle qui, en fin de saison, passe le flambeau de premier joueur à celui qui a le score le plus bas peut s’avérer parfois déséquilibrée (je reste volontairement légèrement à la traîne pour m’assurer le plus de choix…). En distribuant les tuiles numérotés du mode solo à chaque joueur, le problème ne se pose plus !
Si vous préférez la coopération, le mode « partenaire » propose de s’affronter par paires avec une disposition originale des objectifs : chacun marque les points des cartes à sa gauche et à sa droite. Ce mode par équipe impose de ne pas partager les objectifs avec son partenaire et tend encore un peu plus la stratégie de jeu.
Et Gorinto, à deux ?
À deux joueurs, Gorinto nécessite d’accélérer le ménage dans les tuiles Chemin pour éviter qu’un trop grand nombre d’éléments collectés ne déséquilibre les scores et empêche de retourner une situation mal engagée.
Dans cet esprit, deux options sont envisageables : la méthode aléatoire standard (à base de tuiles Terrier du mode solo) et la méthode tactique (à base de « je te retire pile la tuile que tu voulais ! »).
Histoire d’appliquer la méthode « standard » pour les premières parties, nous nous sommes vite rabattus sur le côté méchant tactique de l’autre variante.
Gorinto est tout aussi agréable à 2 qu’à plus et la variation tactique vient compenser le manque d’attablés sans bouleverser les règles et en préservant l’équilibre du jeu.
Nous prenons autant de plaisir à s’affronter sur un Gorinto que sur d’autres jeux abstraits prévus exclusivement pour deux.
Et tout seul ?
Pour ne rien gâcher, si vous avez perdu votre moitié ou tous vos amis, Gorinto est doté d’un mode solo signé David Turczi. À la seule lecture de cet argument, le pari est gagné d’avance : ce sera forcément réussi !
Ce mode dénommé « Kitsune » (en référence aux esprits malicieux représentés par des renards) ajoute un « automa » à la connaissance illimitée qui pille les tuiles élément du plateau.
Le renard futé est facile à gérer : il se déplace aléatoirement à partir d’emplacements du Chemin qu’il s’est réservés en début de saison et vient prendre possession soit de toutes les tuiles possibles selon le schéma de l’élément déterminé soit de l’élément le plus fréquent sur le plateau.
Heureusement, face à cette moisson de tuiles, Kitsune ignore les objectifs et ne gagne des points que pour les éléments collectés : 1 point par élément clé « standard » et 3 points pour les tuiles de ses éléments clés définis en début de partie.
L’emporter face à Kistune sera un véritable défi que vous pourrez moduler en modifiant les points de Sagesse qui vous seront attribués en fin de partie pour les éléments clés (2 points en mode Expert et 3 points en mode Normal).
Finalement, Gorinto…
Avec de grandes tuiles agréables à manipuler; un design sobre et des règles rapides à assimiler, Gorinto est un jeu abstrait très plaisant à jouer. Les parties sont courtes (tout juste 20 à 30 minutes), la mécanique est fluide et la rejouabilité est au rendez-vous. Gorinto a un petit « je ne sais quoi en plus » qui donne envie d’y revenir, peut-être la nécessité d’observer scrupuleusement ce que font les autres pour s’assurer de bien réorienter sa stratégie quand une voie engagée se transforme en impasse…
Le mode solo et les variantes proposées complètent l’expérience de jeu et assurent qu’il ressortira régulièrement !
Règles de Gorinto
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