Comme pas mal d’éditeurs ces derniers mois, les français de Sorry we are French viennent de lancer un petit jeu inspiré de l’univers d’un plus gros. Cette fois c’est Demeter, descendant de Ganymède (un jeu de Hope S. Hwang, publié en 2018) sous la forme d’un « Flip & Write », qui est de sortie.

Demeter, en bref : je retourne des cartes, je choisis mes actions en essayant de maximiser les « combos bonus », tout ça dans le but de colorier le plus de dinosaures, de meeples et autres éléments de ma feuille de jeu et de réussir à marquer un maximum de points de mission.
Le matériel de Demeter
Dans la petite boîte de Demeter, outre l’indispensable carnet de feuilles de score, on trouve 75 cartes actions, 6 tuiles Espèce et autant de tuiles Objectif.

La feuille de score est colorée et bien organisée, agrémentée de quelques illustrations bienvenues pour donner un peu de vie à l’ensemble.

Les (mini) cartes, sources d’actions du jeu, sont de bonne facture quoique, vu la taille de la boîte, rien n’aurait empêché d’en livrer de plus grandes. Heureusement, la clarté des symboles présentés sur les cartes permet de ne pas trop nuire à la lisibilité du choix d’actions pour de grandes tablées.
Les tuiles Objectif ont la bonne idée d’être recto-verso ce qui assure une bonne variété/rejouabilité (12 objectifs différents pour 4 utilisés à chaque partie).

Point de crayon ni autre accessoire, juste un livret de règles bilingue anglais/français très bien illustré et rédigé, largement agrémenté d’exemples.
Demeter : thème ou thème pas ?
« Vous êtes un scientifique et vous venez d’embarquer sur un vaisseau depuis Ganymède à destination de Demeter 1, une planète en orbite autour de Demeter. Les premiers survols ont révélé la présence de dinosaures. Chahrazad prend la tête de cette expédition : partez à l’aventure et découvrez tous les secrets de la première lune de Demeter ! »
Avec les Roll Flip & Write, difficile de rendre un thème tant le matériel est limité et l’espace compté sur la feuille de jeu de chaque joueur. Cependant, avec Demeter, la mécanique de jeu et l’histoire qui l’accompagnent offrent une bonne cohérence qui invite le joueur à vivre sa mission spéciale spatiale. Encore faut-il accepter l’idée que des dinosaures vivent encore sur une autre planète !
Au final, vous coloriez des dinosaures pour signifier que vous les avez découverts, vos scientifiques améliorent les capacités de votre expédition tandis que les observatoires viennent valoriser vos trouvailles en fin de partie.
Le principe de jeu dans Demeter
La mise en place d’une partie de Demeter est plutôt simple : former 5 piles de 12 cartes de chaque type/couleur (3 cartes de chaque retournent dans la boîte), piocher 4 objectifs et étaler les 6 tuiles Espèce.

Une partie de Demeter se déroule en 12 tours, comptabilisés grâce à 12 cartes dans chacune des 5 piles proposées au choix des joueurs.
Espace de dinosaures
Parmi les 5 cartes face visible disponibles les joueurs choisissent l’une d’entre elles afin de réaliser l’action supérieure et de prendre le bonus de la partie inférieure.
Les actions sont principalement dirigées vers les espaces dinosaures afin d’y griser un morceau de steak dinosaure grâce aux pattes de différentes couleurs. Les autres actions possibles sont :
- Construire un poste d’observation qui servira de multiplicateur de points avec le nombre d’espèces de chaque type découvertes.
- Recruter des scientifiques qui offrent des actions bonus et/ou des points de victoire de fin de partie
- Étudier les espèces découvertes qui débloquent des bonus en partant des dinosaures découverts (totalement grisés)
- Progresser sur la piste de science pour récolter/activer des objectifs de fin de partie et recevoir quelques bonus
- Construire un bâtiment pour améliorer les actions précédemment évoquées.
Le second temps du tour de jeu consiste à utiliser le bonus (partie basse de la carte sélectionnée) qui reprend la majorité des actions principales (recrutement de scientifiques, construction de postes d’observation, étude d’espèces, piste de science et un joker).
Au fil des tours, si vous vous concentrez sur un même type de bonus, celui-ci gagne un multiplicateur. À l’inverse, si vous vous diversifiez (en en acquérant un de chaque) vous serez gratifié d’une ou deux pattes noires qui autorisent à griser n’importe quelle partie de dinosaure !
Combos en force
La grande force de Demeter, et ce qui fait son originalité, réside dans la notion de « combos » que vous parviendrez à enchaîner en faisant un usage éclairé de la séquence action / bonus.

Si votre planification et les cartes piochées le permettent, il ne sera pas rare que vous cochiez/grisiez en série dinosaures, scientifiques, observatoires, … au fil des bonus locaux déclenchés.
Pris de court
Malgré ces effets d’actions en cascade, difficile de venir à bout de la multitude de zones à cocher/griser… Cela implique, au choix, une certaine frustration ou une sévère obligation d’orienter son jeu dans un nombre restreint de directions. Comme de nombreux jeux, tenter d’avancer sur tous les plans est récompensé par un cuisant échec au score…
Demeter nous semble cependant plutôt bien équilibré car aucune voie ne s’avère démesurément plus rentable qu’une autre.
Salade de points avec fort goût de « reviens-y »
Au terme des 12 tours, votre score est l’addition :
- des objectifs remplis et activés par le biais de la piste de science
- des points collectés par les scientifiques recrutés dans chaque environnement (à condition d’être arrivé au bout de la piste)
- des espèces totalement découvertes (premier arrivé = mieux servi)
- de la diversité de vos découvertes (1 dinosaure découvert dans chacune des espèces peut rapporter 21 points !)
- de la qualité de votre observation (multiple de la valeur du poste d’observation et du nombre de dinosaures grisés dans la zone)
- des bonus de dinosaures étudiés éventuellement débloqués

Nous restons tellement sur notre faim à chaque partie, ayant l’impression de ne pas avoir réussi à en faire assez dans les différentes zones, que nous y revenons immédiatement pour une nouvelle partie !
Et Demeter, à deux ?
Avec la faible interaction proposée, Demeter n’est ni mieux ni moins bien à 2 qu’à beaucoup plus. Hormis les points rapportés par les espèces découvertes qui s’enfuient moins vite quand le nombre de joueurs est restreint, Demeter fonctionne très bien quel que soit le nombre d’invités à la table de jeu.
Et tout seul ?
Au passage, profitons-en pour souligner un petit bémol au sujet du mode solo qui n’est évoqué nulle part dans la règle… Pourtant, en fouillant le site officiel, on découvre une « feuille bilan » (ainsi que des Réalisations) sur laquelle vous pouvez comparer votre résultat à différents intervalles pour situer votre performance.

J’avoue qu’après quelques parties en solo, j’ai vite regretté la découverte tant je suis loin des scores affichés eu envie de rejouer pour optimiser mon score !
Finalement, Demeter…
Un très joli « Flip & Write » qui affiche une forte rejouabilité et offre un pan stratégique intéressant avec les combos à préparer pour maximiser le nombre de points récoltés. Nous pourrions juste regretter qu’il n’existe pas (encore ?) de feuilles de score alternatives pour aller un peu plus loin dans la variété de parties comme le proposent de nombreux autres jeux du genre (Welcome To, Imperial Settlers Roll & Write, Inkalam, …).
Règles de Demeter
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